Formulaire de soins aux Personnes Agées
Déprescription des antipsychotiques
Littérature consultée à la date du : 16/05/2017
- Une tentative de réduction progressive ou d'arrêt des antipsychotiques peut être entreprise chez des personnes âgées recevant des antipsychotiques pour des SCPD (Symptômes Comportementaux et Psychologiques dans la Démence) ou un délirium.
- Lorsque les antipsychotiques ont été instaurés en raison d'une agression aigue ou d'un delirium (état confusionnel aigü), on arrête la médication dès que les symptômes disparaissent.
- En cas de symptômes psychotiques, la prescription est limitée à 12 semaines sans symptômes. Une tentative de réduction ou d'arrêt est entreprise tous les 3 mois (certains comportements s'atténuent avec la progression de la maladie).
- La poursuite des antipsychotiques peut avoir un effet favorable chez des sujets présentant une psychose ou une agitation sévère et/ou qui réagissent remarquablement bien à leur utilisation.
- La prescription et la réduction progressive des antipsychotiques exige une bonne collaboration entre médecin, personnel infirmier, soignants et dirigeants.
- Une éducation des professionnels de la santé au sujet des recommandations d'interventions non médicamenteuses et de l'emploi judicieux des antipsychotiques est indispensable, pour une prise en charge adéquate des troubles du comportement et l'emploi correct des antipsychotiques.
- L'existence d'un protocole et d'une procédure, qui envisage systématiquement la réduction progressive des antipsychotiques, est recommandée.
Le Plan par étapes (voir [indications:211]) est une bonne base pour la prise en charge des SCPD et sera également un instrument utile dans des situations de réduction progressive et d'arrêt des antipsychotiques.
Considérations générales
Facteurs influençant la réduction progressive :
- Manque d'alternatives non médicamenteuses
- Lorsque la réduction progressive des antipsychotiques ne s'accompagne pas d'interventions non pharmacologiques, comme des interactions sociales et des exercices, il existe une probabilité accrue d'aggravation des troubles du comportement
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- Lorsque la réduction progressive des antipsychotiques ne s'accompagne pas d'interventions non pharmacologiques, comme des interactions sociales et des exercices, il existe une probabilité accrue d'aggravation des troubles du comportement
- L'apparition d'effets indésirables peut être un motif pour envisager la réduction progressive. De solides connaissances sont indispensables à cet effet.
$ - Le motif le plus fréquent invoqué par les médecins et le personnel infirmier pour arrêter les psychotropes n'est pas leur administration prolongée ou la modification de comportement obtenue, mais l'apparition d'effets indésirables comme l'apathie et les chutes. Or, la médication ne sera pas remise en question si ces symptômes ne sont pas reconnus comme tels, mais attribués à l'aggravation du processus de démence
$ . - Les médecins et le personnel infirmier sont bien conscients de certains effets indésirables (risque de chutes, sédation, parkinsonisme, dysphagie et déclin cognitif), mais les pneumonies, les accidents vasculaires cérébraux et la mortalité accrue ne sont que rarement évoqués. Une explication plausible est que ces patients présentent déjà un risque accru de pneumonie, d'AVC et de décès, de sorte que ces incidents ne sont pas forcément attribués à la prescription d'antipsychotiques.
$ - La prise de conscience et l'éducation des professionnels de la santé au sujet des effets indésirables des antipsychotiques sont indispensables.
- Le motif le plus fréquent invoqué par les médecins et le personnel infirmier pour arrêter les psychotropes n'est pas leur administration prolongée ou la modification de comportement obtenue, mais l'apparition d'effets indésirables comme l'apathie et les chutes. Or, la médication ne sera pas remise en question si ces symptômes ne sont pas reconnus comme tels, mais attribués à l'aggravation du processus de démence
- Existence d'un protocole et d'une procédure d'instauration et de réduction progressive des antipsychotiques
- La MRS peut développer un protocole et une procédure autour de la prescription et de la déprescription d'antipsychotiques. Le médecin coordinateur et conseiller (MCC) peut jouer un rôle important en la matière
$ .- Les généralistes n'envisageront l'administration de psychotropes qu'en dernier recours. La présence d'une procédure (plan par étapes) et la formation continue sont utiles en la matière.
$ - Le cas échéant, un groupe de travail est créé. Notamment, un recyclage (éventuellement commun) pour les médecins et le personnel infirmier peut assurer un changement de mentalité et améliorer les connaissances.
- Les généralistes n'envisageront l'administration de psychotropes qu'en dernier recours. La présence d'une procédure (plan par étapes) et la formation continue sont utiles en la matière.
- La réévaluation régulière des médicaments peut limiter l'emploi prolongé d'antipsychotiques. Une étude britannique montre que 67% des généralistes ne revoient pas la médication tous les 6 mois.
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- La MRS peut développer un protocole et une procédure autour de la prescription et de la déprescription d'antipsychotiques. Le médecin coordinateur et conseiller (MCC) peut jouer un rôle important en la matière
- Attitude du professionnel de la santé face aux troubles du comportement et l'emploi d'antipsychotiques
- La disposition mentale des médecins, du personnel infirmier et des soignants face aux troubles du comportement joue également un rôle important. La réaction des professionnels de la santé aux troubles du comportement et leur tolérance est hautement individuelle, et détermine la demande ou non de médication. Certains ne croient absolument pas en la prise en charge non médicamenteuse, alors que d'autres en sont pleinement persuadés. On ressent, dans ce dernier groupe, un enthousiasme plus vivant et une plus grande satisfaction au travail
$ . Le soutien par un psychologue et par le référent en matière de démence peut s'avérer utile. - Le stress chez le personnel auprès des patients présentant des troubles neuropsychiatriques peut créer du stress chez les résidents et favoriser la prescription d'antipsychotiques. La formation et l'éducation du personnel pourraient apporter une solution partielle
$ . - On constate une réduction plus importante dans la prescription des antipsychotiques dans les MRS favorisant une culture orientée sur la personne (vérifiée à l'aide d'un questionnaire). Le manque de temps et de personnel est un facteur limitatif souvent mentionné
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- La disposition mentale des médecins, du personnel infirmier et des soignants face aux troubles du comportement joue également un rôle important. La réaction des professionnels de la santé aux troubles du comportement et leur tolérance est hautement individuelle, et détermine la demande ou non de médication. Certains ne croient absolument pas en la prise en charge non médicamenteuse, alors que d'autres en sont pleinement persuadés. On ressent, dans ce dernier groupe, un enthousiasme plus vivant et une plus grande satisfaction au travail
- Informer et impliquer la famille dans le traitement de la personne démente
- Une étude effectuée aux Pays-Bas sur l'emploi d'antipsychotiques dans les MRS montre que, dans 84% des cas, il y avait un consentement éclairé du membre de la famille. Or, dans à peine 44% des cas, les membres de la famille estimaient avoir reçu une information suffisante au sujet des effets indésirables. Dans 19% des cas, le membre de la famille était opposé à la prescription d'antipsychotiques
$ . - La famille ne sait souvent pas quel médicament le patient reçoit exactement
$ . Or, selon la loi sur les droits du patient, le patient ou son représentant doit recevoir l'information nécessaire sur le traitement que le patient reçoit, donc également sur son efficacité et ses effets indésirables.
- Une étude effectuée aux Pays-Bas sur l'emploi d'antipsychotiques dans les MRS montre que, dans 84% des cas, il y avait un consentement éclairé du membre de la famille. Or, dans à peine 44% des cas, les membres de la famille estimaient avoir reçu une information suffisante au sujet des effets indésirables. Dans 19% des cas, le membre de la famille était opposé à la prescription d'antipsychotiques
- Approche multidisciplinaire
- Il est important que le médecin responsable connaisse bien la situation du patient pour laquelle la prescription d'un antipsychotique est envisagée. Il est donc souhaitable qu'il participe aux réunions où le patient est évoqué. Une bonne communication entre le médecin, le personnel infirmier, les soignants et la famille est indispensable pour une évaluation et une prise en charge correcte du problème.
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- Il est important que le médecin responsable connaisse bien la situation du patient pour laquelle la prescription d'un antipsychotique est envisagée. Il est donc souhaitable qu'il participe aux réunions où le patient est évoqué. Une bonne communication entre le médecin, le personnel infirmier, les soignants et la famille est indispensable pour une évaluation et une prise en charge correcte du problème.
Traitement
Sélectionné
Non médicamenteux
Interventions non médicamenteuses
La prescription et la réduction progressive des antipsychotiques exige une politique commune, soutenue par le médecin, les infirmiers, les soignants et les dirigeants.
Une éducation est indispensable au sujet des diverses interventions non médicamenteuses et des indications et effets indésirables des antipsychotiques. Elle doit en outre convaincre les professionnels de la santé des avantages d'une prise en charge non médicamenteuse.
Il est préférable d'associer la réduction progressive ou l'arrêt des antipsychotiques à des interventions non médicamenteuses, faute de quoi on risque une recrudescence des symptômes neuropsychiatriques. Voir interventions non médicamenteuses.
L'existence d'un protocole et d'une procédure, qui envisage systématiquement la déprescription des antipsychotiques, est recommandée.
Le Plan par étapes (voir [indications:211]) est une bonne base pour la prise en charge des SCPD (Symptômes Comportementaux et Psychologiques dans la Démence) et sera également un instrument utile dans des situations de réduction progressive et d'arrêt des antipsychotiques.
Révision ou arrêt progressif du traitement médicamenteux chronique.
Arrêt ou réduction progressive des antipsychotiques
Indications de la réduction progressive ou de l'arrêt des antipsychotiques.
- Si un antipsychotique a été instauré en raison d'agression aiguë ou d'un délirium aigu, on l'arrête dès que la situation s'est normalisée.
$ - Si un antipsychotique a été instauré chez des patients déments présentant un tableau agité ou psychotique, et si aucune amélioration cliniquement pertinente n'est obtenue avec une dose adéquate après 4 semaines de traitement, l'antipsychotique est réduit progressivement et arrêté.
$ - Si un antipsychotique a été instauré en raison d'un comportement problématique qui ne s'est pas ou pas suffisamment amélioré avec une intervention non médicamenteuse, on tente de réduire progressivement ou d'arrêter après une période de 12 semaines sans symptômes. On effectue une nouvelle tentative de réduction ou d'arrêt tous les trois mois (certains comportements s'atténuent avec la progression de la maladie).
$ - Une tentative d'arrêt devrait être systématiquement entreprise pour pouvoir faire la distinction entre les patients qui n'ont aucun bénéfice avec les antipsychotiques et les patients chez qui les avantages de leur utilisation l'emportent sur les risques potentiels
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Un traitement prolongé avec un antipsychotique n'est acceptable que pour des patients avec :
- de longs antécédents de psychose sévère ou une schizophrénie existante.
- au moins deux tentatives d'arrêt non réussies, où les interventions psychosociales étaient inefficaces et où une alternative n'était pas disponible, était inefficace ou susceptible de provoquer des effets indésirables sérieux.
La réinstauration est acceptable dans des situations extrêmes (de préférence sous la supervision d'un spécialiste), en cas de :
- réapparition de symptômes sévères après l'arrêt de l'antipsychotique, générant un risque ou une détresse qui s'étaient améliorés avec le traitement antipsychotique.
- réapparition de symptômes sévères si l'arrêt était effectué avant la fin d'un traitement de 12 semaines.
- un nouvel épisode distinct des précédents.
Modalités pratiques
- Concertation
$ - La décision de réduction progressive doit toujours être précédée d'une concertation avec le patient (si possible) et/ou son représentant. De même, il est souvent utile d'impliquer la famille ou d'autres personnes concernées.
- Les aspects suivants sont importants lors de cette concertation :
- Préférences et inquiétudes
- Objectifs initiaux
- Améliorations observées et effets indésirables de l'antipsychotique
- Information au sujet des risques potentiels de la poursuite de l'antipsychotique
- Expériences précédentes avec l'utilisation et les tentatives d'arrêt de l'antipsychotique.
- Evaluation
- Lors de la réduction progressive de l'antipsychotique, les symptômes sont réévalués au moins chaque mois et pendant au moins 4 mois après l'arrêt du médicament. Le but est d'identifier des signes de rechute et de réévaluer les risques et avantages (de la réinstauration éventuelle) de l'antipsychotique.
$ - Il faut être particulièrement attentif :
- A la réapparition de troubles de comportement.
- Aux phénomènes de sevrage : psychose, agression, agitation, idées délirantes, hallucinations.
- Aux effets positifs du point de vue de la vigilance, de la marche, une diminution des symptômes extrapyramidaux, une diminution éventuelle des chutes
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- Lors de la réduction progressive de l'antipsychotique, les symptômes sont réévalués au moins chaque mois et pendant au moins 4 mois après l'arrêt du médicament. Le but est d'identifier des signes de rechute et de réévaluer les risques et avantages (de la réinstauration éventuelle) de l'antipsychotique.
- Comment réduire progressivement la dose?
- Il est actuellement impossible de se prononcer sur la meilleure méthode de réduction progressive. En effet, les études existantes sur l'arrêt des antipsychotiques font appel à des schémas différents et il n'existe pas encore d'études comparatives.
- Chaque schéma de réduction progressive servira donc de fil conducteur
$ $ . - Une réduction plus progressive et un suivi plus strict peuvent être envisagés chez les personnes avec des antécédents de SCPD sévères
$ . - Arrêt abrupt
- A l'opposé de patients schizophrènes qui reçoivent les antipsychotiques à forte dose, un arrêt abrupt est possible chez des personnes âgées qui reçoivent des doses faibles pour leurs SCPD
$ . - Faible dose :
- Halopéridol : 2 mg ou moins
- Rispéridone : 2 mg ou moins
- Olanzapine : 10 mg ou moins
- Quétiapine : 150 mg ou moins
- A l'opposé de patients schizophrènes qui reçoivent les antipsychotiques à forte dose, un arrêt abrupt est possible chez des personnes âgées qui reçoivent des doses faibles pour leurs SCPD
- Réduction progressive
- En cas de forte dose, celle-ci est réduite de moitié toutes les deux semaines. On peut alors arrêter après deux semaines à faible dose
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- En cas de forte dose, celle-ci est réduite de moitié toutes les deux semaines. On peut alors arrêter après deux semaines à faible dose